Concert de Pentecôte 2025 à Bordeaux

Messa di Gloria de Puccini et Vêpres solennelles de Mozart

crédit photo : LJ SteWats

Un souffle sacré porté par chœurs et orchestre

Le 8 juin 2025, en la fête de la Pentecôte, l’Auditorium de l’Opéra National de Bordeaux a accueilli un concert exceptionnel rassemblant les forces du Chœur CHOSY, de l’Ensemble Vocal d’Aquitaine et de l’Orchestre Aquitaine Haut de Garonne.

Sous la direction inspirée de Damien Sardet, avec la soprano Camille Souquère, chœurs et instrumentistes ont uni leurs voix et leurs souffles dans une quête musicale aussi fervente qu’exigeante.

Deux œuvres magistrales du répertoire sacré

Le programme associait deux œuvres majeures composées à un siècle d’écart :

  • Les Vêpres solennelles d’un confesseur de Wolfgang Amadeus Mozart (KV 339),
  • La Messa di Gloria de Giacomo Puccini (composée en 1880, œuvre posthume).

Ce choix audacieux permettait de faire dialoguer deux jeunesses musicales, deux écritures sacrées, deux styles aux esthétiques profondément différentes — mais également deux expressions d’une même aspiration spirituelle : élever, transfigurer, toucher.

Mozart : la lumière d’un classicisme en tension

Mozart n’a que vingt-trois ans lorsqu’il compose ses Vêpres à Salzbourg, au service de l’archevêché. L’œuvre respire la clarté du classicisme viennois, entre ornementation maîtrisée et équilibre formel. Le Laudate Dominum, suspendu dans la grâce pure de la ligne vocale, en est un sommet d’émotion retenue.

Et pourtant, sous cette architecture paisible affleure déjà une tension dramatique, un souffle opératique contenu, qui annonce les passions à venir de Don Giovanni ou de La Clémence de Titus.

Puccini : une jeunesse en feu

À dix-huit ans, Puccini est tout juste diplômé du Conservatoire de Lucques. Sa Messa di Gloria, œuvre de jeunesse inclassable, déborde d’une intensité dramatique typiquement italienne, dans la veine du belcanto romantique. Mais plus encore, elle annonce déjà ses grands opéras à venir — Tosca, La Bohème, Turandot.

Cette messe est traversée d’un lyrisme passionné, presque charnel. Le sacré y devient expérience vivante, palpable, organique. L’écriture vocale, souvent en fusion avec les masses orchestrales, fait de chaque mouvement un acte de théâtre sonore.

Une fugue vertigineuse, un sommet collectif

Le passage le plus inattendu reste sans doute le Cum Sancto Spiritu, qui surgit avec une fugue de style allemand dans un contexte dominé par les courbes vocales latines. Ce moment contrapuntique, de facture rigoureuse, apparaît comme une crête abrupte : un instant d’ascension périlleuse où souffle la volonté farouche d’un jeune compositeur cherchant à bousculer les formes.

Le più mosso de cette fugue, véritable épreuve d’endurance et de cohésion chorale, fut vécu comme un défi partagé — une escalad

Une écoute incarnée, une ferveur contemporaine

Le public bordelais a répondu avec une ferveur rare : applaudissements spontanés, visages émus, silences pleins de gratitude. Ce fut une réception incarnée, presque physique, à l’image de l’œuvre de Puccini.

Ce contraste avec l’accueil plus méditatif réservé, quelques mois plus tôt, à la Messe en si de Jean-Sébastien Bach est révélateur. Là où Bach construit une cathédrale intellectuelle et théologique, Puccini impose un sacré humain, direct, vibrant. L’un parle à l’âme, l’autre au cœur — et Mozart, entre les deux, enchante l’esprit.

 

Zola Ntondo

Zola Ntondo

Éditeur en chef

Je suis Zola Ntondo, né le 17 janvier 1979 à Bordeaux. Je suis écrivain, pianiste et webmaster expert en référencement SEO. Formé au Conservatoire de Bordeaux, j’explore dans mes ouvrages les thèmes de la séduction, du consentement et des attirances.