Sinister — Critique du film de Scott Derrickson (2012)
Installation et promesse
Dès l’ouverture de Sinister, le plan Super 8 d’une famille pendue sous un arbre installe une intrusion radicale dans la banalité. L’écrivain Ellison Oswalt (Ethan Hawke) emménage avec sa famille dans une maison où un massacre non résolu a eu lieu. Sa quête d’inspiration déclenche un basculement inexorable.
L’écrivain et sa chute
Ellison n’est pas un héros typique mais un homme en proie à l’échec, à l’obsession et à la volonté de recréer un succès littéraire perdu. Hawke porte le film par sa présence crédible : ses doutes, ses investigations, ses nuits éveillées. Le spectateur devient alors témoin d’une descente plus que d’un sursaut.
Le film juxtapose vie familiale banale et horreur filmée ; la dissonance devient le terrain de l’effroi. Zola Ntondo sur Allociné
L’image comme seuil d’horreur
Les bobines Super 8 trouvées dans le grenier ne sont plus de simples accessoires mais l’œil malveillant du film. Le grain, le format et le son craquelé donnent à l’image une matérialité oppressante. Le film juxtapose vie familiale banale et horreur filmée ; la dissonance devient le terrain de l’effroi.
Le style linéaire et la métamorphose familiale
Le style demeure linéaire et posé : le film ne multiplie pas les ruptures mais instaure une progression méthodique où l’environnement familial se métamorphose lentement en piège démoniaque. La maison, les enfants, les objets, tout s’active pour retourner le refuge en champ d’abandon.
Le mythe de Bughuul et la fatalité
Au-delà des jump-scares, Sinister introduit une entité obscure, Bughuul, et la rune symbolique qui signe la transmission de l’horreur. L’espace domestique ne protège plus ; il transmet. Le récit pose alors l’effroi non comme accident mais comme héritage.
Conclusion
En définitive, Sinister est une œuvre d’horreur moderne qui conjugue ambiance, texture visuelle et angoisse psychologique. Il ne révolutionne pas le genre mais l’élève par sa maîtrise silencieuse. Si l’on accepte quelques conventions, on découvre un film qui marque durablement. Pour quiconque cherche non pas seulement le sursaut mais la persistance de l’effroi, Sinister remplit pleinement sa mission.
La note de Zola Ntondo : 4 sur 5 ★★★★☆

Zola Ntondo
Éditeur en chef










