Chronique criminelle : Épisode 8 – LE CORBEAU OU LE TABLEAU DE LA LAIDEUR

Par Judith Ruth Brunel

Poétesse et juriste, autrice de “Succès boisés et autres plaidoiries poétiques”

Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence

Concentrons-nous sur le présent ; l’accessoire suit toujours le principal.

Ne pas se disperser, ne pas tergiverser… Continuer sur le même sentier, tout en sentant mon cœur battre la chamade, sans oser imaginer le pire. Tout est une question de temps et de volonté ! Ce qui me semble familier lui semblera lointain, même cet étrange tableau. C’est l’inquiétante étrangeté.¹ Pourquoi me dévisager avec ce regard merveilleusement abattu et m’expliquer que je suis sur le mauvais chemin ? Par où commencer ? Est-ce moi qui dois expliquer d’où je viens ? Tout est si compliqué… Et ce tout fait de rien qui me dérange et me démange… Est-ce ta silhouette sous la lune ou ton œil saugrenu qui m’épie à la lecture de chaque mot ? Qui suis-je ?

 

Je souhaitais émouvoir avec renom, scander ton nom avec diction, et décrire ton absence, puis ta tragique disparition sans aucune passion. Ton destin a quitté le mien… Tout est en recomposition.

De quelle absence dois-je me plaindre ? La mienne quand j’écris ou la tienne aujourd’hui ? Où se situe-t-elle ? Laquelle est la plus néfaste ? Quel est ce vide apocalyptique dont sans cesse je fais écho au creux de mes lignes ?

Toutes ces interrogations reposent dans un coin de ma sombre et tendre mémoire… Les souvenirs remontent à la surface de ma conscience avec une délicate nonchalance et rejaillissent un par un avec regain et vitalité, non sans un triste élan d’amertume. Mes yeux scrutent le bitume et la marée sous la brume. Tu écumes mes pensées d’ici et d’ailleurs, en terre conquise et tant comprise. Et ces menaces déguisées sous la signature du fameux “Le Corbeau” à l’encre rouge… Est-ce le Corbeau de René Magritte² ou le Corbeau d’Edgar Allan Poe³ ? Présage-t-il quelque chose ? Doit-on invoquer Cassandre afin de déjouer le sort ou de le conjurer ?

Depuis que tu es affilié au Gang Tenebra, tu es crispé et tu souffres. Mon cher Corbeau, tu es galvanisé. Rien, jamais rien ne pourra t’apaiser ; finalement, nos desseins ne se sont pas réalisés. J’ai versé beaucoup de larmes et beaucoup d’encre. J’ai quitté les champs, les arbres et les fleurs de ma ville natale pour en aimer une autre. J’ai quitté l’ombre pour trouver la lumière. Chaque jour, j’étoffe mon récit avec quelques apostrophes et des descriptions annexes amorphes. Il faut à nouveau apprivoiser le crime et ses dérives ; nous suivons les divines traces d’Ovide… Les us et coutumes de chaque ville racontent une histoire, vous aussi. Un jour, Le Corbeau se transformera en un être nouveau. Ces métamorphoses⁴ signent l’avènement de l’étrange et de l’immonde dans notre monde. Je patienterai jusqu’à ce que tu changes, je patienterai jusqu’à ce que tu m’oublies.

L’anomalie subsiste tandis que mes actes s’anoblissent… Chaque métamorphose est une parenthèse. Tout se substitue à ta présence… Rien ne se perd, tout se transforme. Il faudrait dater chacun des événements, dissocier la réalité de l’imaginaire pour en tirer une véritable explication. Il faudrait tout comprendre pour mieux anticiper. C’est-à-dire que je ne pouvais pas tout maîtriser à la fois… Ton absence, la fuite et le temps. Certaines choses sont incompatibles avec la morale… Moralement, je n’avais pas prévu de t’excuser. Rien n’excuse cette lourde dualité… Quand la mort frappe, elle assomme avec misère et cruauté.

 

En sciences criminelles, il est possible de résoudre une affaire en analysant la psychologie d’un suspect. En philosophie, toute personne qui raisonne doute. Lors d’une enquête, est-il raisonnable de douter de la culpabilité du principal suspect ? Doit-on procéder en fonction de la présomption d’innocence⁶ ? Pour le poète, l’innocence est-elle un vice littéraire en soi ? Est-elle l’illustration d’un tableau noir et perverti de la réalité ? Peut-on suspecter un homme d’être meurtrier alors même qu’il n’a jamais pensé à commettre son crime avant de passer à l’acte ? Quel usage doit-on faire de la criminalistique aujourd’hui ? Peut-on enquêter en toute circonstance ? Doit-on penser pour soi ou pour les autres ? Doit-on se faire justice soi-même ? À quoi sert réellement le droit ? Le droit permet-il de rendre nobles nos passions et légale la trahison ? Peut-on penser son crime à travers son étrangeté ? Peut-on trahir en toute impunité ? Litanie de questions sans réponses, litanie de réponses sans solutions… Et nous revenons au point initial, car nous pensons le crime à travers son origine et son mobile.

Le mobile dessert l’idée du crime, il s’agit de l’élément moral. Sa véritable utilité ? L’organiser. En droit pénal, nous évaluons également la dangerosité d’un homme par sa capacité à ne pas récidiver et à savoir se contrôler au bon moment. Si l’on reproduit un crime, il y a réitération ou récidive ; cela dépend de certains facteurs et de certaines circonstances. Le bon moment rappelle l’idée que le destin arrive parfois à terme, et que nous sommes tous faillibles. Nous avons le droit à l’erreur, puisque l’erreur est humaine. La peine est proportionnelle à la violence commise et exemplaire lorsque les faits semblent justifier la condamnation. La peine illustre la gravité du crime⁷ dans son ensemble, et se conjugue juridiquement à la personnalité de l’auteur. Elle vient corriger, modifier et transiger les lois en place. Elle corrobore à l’instauration d’une institution.

Toutes ces analyses freudiennes autour de l’acte volontaire sont très intéressantes d’un point de vue analytique. Nous pouvons ainsi savoir si le meurtrier est conscient ou non des conséquences de ses actes, ou s’il s’agit d’un acte manqué ou inconscient.

Je me remémore le 31 décembre… Ce soir-là, je finissais un feu de cheminée en préparant des toasts à l’orange quand soudain, un coup de téléphone anonyme troubla mon heureuse tranquillité : “Mon amour, où sont les diamants bleus ?”

Je ne savais pas à qui appartenait cette voix. J’étais abasourdie… Quelle sera la finalité de tout ce charabia ? René Char poétise l’amour⁸, moi je le traduis. Ce n’est pas le réveillon qui me rendra ce que j’ai perdu ! Sombre dictature des sentiments… Surprendre par envie, défendre l’irréparable par désir… Est-ce enfreindre le calme de la fête, ou créer un charivari éternel ? Où se place la honte ? Est-elle du côté de l’auteur ?

 

Lire également : Chronique criminelle n°7 – Soute interdite

 

Après réflexion, j’ai élaboré de solides et sordides pistes criminalistiques…

Nous ne savions pas pourquoi il faisait cela constamment, il ne lâchait pas. Le monstre était avide et morbide. C’était un mode opératoire parmi tant d’autres. Ce monstre me suivait depuis des années tout en se faisant appeler Le Corbeau (comme dans l’affaire dite du Petit Grégory⁹). Il s’agissait d’un ancien camarade de classe tombé amoureux de moi par je ne sais quel procédé étrange, qui s’amusait à retrouver ma trace pour m’obliger à l’aimer en retour. Comportement lâche que je mâche et remâche avec panache. Depuis ces premiers incidents du 31 décembre, je vivais hors du temps. J’étais sans arrêt plongée dans mes pensées et habitée par un instinct de survie. C’était presque une intuition philosophique. J’avais envie de vivre et de partir. Plusieurs fois, je m’étais retrouvée nez à nez avec lui dans des lieux insolites et inconnus. Cette histoire était digne d’un roman ou d’un grand film hollywoodien. Je devais sans cesse prendre mes précautions, car effectivement Le Corbeau était ce que nous appelions communément « un vrai monstre ». Il vivait sous l’œil de la vengeance, avec l’envie irrésistible de me donner un baiser, plus précisément « le baiser de la mort ». Il se servait notamment de l’affaire Omar Raddad¹⁰ pour arriver à parler du crime et de l’erreur judiciaire en clamant son innocence. Il tenait à se faire comprendre par ses victimes et ses complices. L’envie de dissimuler ses meurtres jusqu’au bout de sa vie, ou le besoin d’être défendu par un avocat brillant, était très forte. C’était un meurtrier atroce et féroce, doté d’une jalousie pathologique et œdipienne ainsi que d’un narcissisme extrême.

Il était partout, fou, colérique, anxieux et malhonnête. Des années durant, il m’a cherchée ; des années durant, il a voulu me transformer. Le plus anecdotique était que dès qu’il retrouvait ma trace, il inscrivait systématiquement en grandes lettres rouges à l’endroit exact où il m’avait croisée “Le Corbeau”, comme pour me montrer que je pouvais aimer un monstre malgré tout. Nous étions en pleine bataille navale.

 

On peut aimer l’inconnu, apprécier de nouvelles expériences, mais pas autant la profondeur du mal. La monstruosité a quelque chose de tragique, de racinien. Je devais être une femme racinienne, une femme guidée vers le monde extérieur, mais une femme qui surplombe sa laideur par la haine. La dualité était omniprésente. Il y avait lui et ses habitudes, moi et ses peurs, et le monde qui nous entoure.

 

Pour Roland Barthes, l’étude du tenebroso racinien¹¹ est passionnante. Il y a également dans cette découverte des structures abyssales qui regorgent de messages subliminaux. Plus nos pensées sont vastes, plus grands deviennent nos idéaux. C’est ce que nous appelons communément le beau. Par ses inscriptions rouges et énigmatiques autour de son personnage, Le Corbeau espérait épouser le beau, mais plongeait dangereusement dans le néant des abysses et de ses lointaines contrées. Mon côté antique et princier devait sans doute lui rappeler les conditions ineffables de son existence. Nous étions occupés à jouer malgré lui la pièce de Titus et Bérénice. Lorsque Titus est amoureux, Titus est jaloux. Titus tenait à ses origines, mais Bérénice¹² aussi. Comme dirait Gaston Bachelard¹³, il y a un avenir dans l’automne. En effet, ce dernier estime la présence d’une doctrine tétravalente des tempéraments poétiques au fil des saisons. L’imagination se polarise en particulier au moment de l’automne… Savez-vous pourquoi ? Parce que les lueurs de l’été nous quittent et deviennent féeriques. Elles apportent quelque chose de nouveau à notre histoire et envoûtent progressivement, de leurs multiples saveurs, nos mois d’hiver. En automne, les feuilles tourbillonnent et mon ventre papillonne. Je ne te pardonnerai pas. Je n’en ai plus la force. Mon pardon n’a pas de sens, mon pardon n’a pas sa place. Triste pardon… Paul Ricoeur¹⁴ disait que, grâce à la venue de l’étrangeté, l’homme réfléchit et se remet en question. Il apporte une nouvelle conception éthique de la réalité. Le fondement de la volonté est égocologique et, par nature, métaphysique. Selon ce dernier, la notion de volonté dans sa substance est subjective. En effet, pour juger, il faut penser. La philosophie réflexive est une voie de cheminement de la pensée humaine. Finalement, il y a une part de nouveau dans l’automne. Les lueurs d’automne sont les aurores de Perséphone. Certains penseurs comme Friedrich Nietzsche¹⁵ optent pour des philosophies du soupçon. Paul Ricoeur racontait d’ailleurs qu’il n’existait seulement trois grands maîtres du soupçon : Karl Marx, Friedrich Nietzsche et Sigmund Freud. Ce sont nos prédécesseurs… Ils ont jeté le voile sur l’impensable, ils ont codifié ce qui était inexplicable.

Faut-il douter de son existence véritablement pour en connaître le sens ? Comment déterminer la probabilité qu’un événement se répète plusieurs fois au cours d’une même période ? Est-ce que notre société est constituée de plusieurs cycles ? Comment faire évoluer l’histoire et le courant de l’humanité à travers l’ensemble de ces cycles ? Doit-on tous emprunter le même fleuve ? Ou devons-nous simplement le traverser avant de mieux nous diviser ? Et si un crime se répète plusieurs fois, faut-il nécessairement le punir ?

 

D’autres histoires m’ont aidée à résoudre la mienne. Je trouve qu’il est utile de s’intéresser à autrui dans la mesure où chaque personne sur Terre peut vous éclairer sur vous-même. L’alter ego est indispensable pour se penser. S’autopenser, se corriger et se critiquer constituent des attitudes que chaque individu devrait envisager au moins une fois dans sa vie. Les comportements déviants sont souvent qualifiés d’anormaux ou d’antisociaux, car leurs voies sont très souvent abruptes et peuplées d’étrangetés. Comment différencier drastiquement le bien du mal ? L’image de la sorcière¹⁶ dans les contes de fées peut-elle représenter l’enfant ou le mal en tant que “fin en soi” ? Selon de nombreuses explications psychanalytiques, il y a les pulsions que l’enfant refoule et la masse de souvenirs abjects qu’il tempère et modère. Par ailleurs, il est intéressant de constater que le poète Guillaume Apollinaire, dans Le Poète Assassiné¹⁷ paru en 1916, estime que le poète Croniamantal est un héros tragique. Doit-on alors, comme l’indique si bien Apollinaire, remonter le fil du temps jusqu’à la naissance du héros pour mieux comprendre sa destinée et son évolution ? Après une chute, l’homme se relève parfois et retombe ensuite. C’est la rechute… “L’homme est ainsi”.¹⁸

 

Est-ce le chemin que nous empruntons qui dicte notre conduite ? Que devons-nous jouer à présent ? Nos puissances se sont alignées au même moment, tandis que les étoiles brillaient et scintillaient, et que nous nous haïssions. La lune nous éclairait et tu souriais constamment devant ce firmament hybride surnommé amour-passion. Il y avait cependant dans cet amour-passion quelque chose d’étrange, quelque chose d’incontrôlable, quelque chose de céleste, quelque chose de trop authentique. La relation n’avait pas de but ultime, et donc une fin étrange en soi à la quête poursuivie. La fin ne suivait pas l’objectif défini, trop d’éléments étaient discordants. Dans l’analyse criminalistique de la survenance des premières inscriptions signées “Le Corbeau”, il y avait une dichotomie entre fiction et réalité. Après réflexion, j’en ai déduit que l’auteur était victime d’un trouble dissociatif de la réalité et imaginait le pire. La véritable question était : est-ce que ces troubles psychologiques sont synonymes de stress post-traumatique ? Sont-ils étranges pour son entourage ? A-t-il des problèmes psychosociaux ?

Cet aspect-là de sa psyché m’avait échappé. Je ne savais pas que ce trouble affecterait considérablement ses relations amoureuses. Notre relation s’est ainsi très vite altérée… Il n’y avait pas de long terme. Le lien, “certes céleste”, qui nous unissait se fragilisait de jour en jour un peu plus. Il s’étiolait et s’abîmait au fil du temps et des saisons.

 

Enfin, après reconsolidation de nos souvenirs et diverses discussions, le puzzle n’était pas encore résolu. Je ne savais toujours pas comment lui était venue l’idée de me suivre et de se nommer « Le Corbeau », ni comment il avait réussi à préméditer toutes ces excursions. Nous étions en présence de la pièce maîtresse du puzzle. Avait-il des complices ? Comment pouvait-il à ce point aimer mentir ? Grâce à ces questions, le lien causal entre ses troubles et ses blessures narcissiques devenait évident. Le tout s’arc-boutait en faveur d’un rien. Tous les jours, je me résignais à attendre sa guérison, en vain. Dans mon manoir, était sans arrêt inscrit en lettres rouges : “Le Corbeau vous cherche”, et il ne savait pourtant pas que je logeais ici. Il venait en suivant son instinct, en suivant l’odeur de sa proie ou de ses fantasmes illusoires. Il prenait le chemin du fantastique. Nos destins étaient solidement noués autour de la pièce manquante. Chaque intervention était cruellement théâtrale.¹⁹ Cette histoire était burlesque, racinienne et surnaturelle. Le mystère planait et son personnage se démultipliait. Il avait la capacité d’être un et multiple à la fois, rendant chacun de mes souvenirs cosmopolite, transcendant et atomique. Cette folie soustrayait le passé au présent et nous projetait l’un vers l’autre dans l’avenir au moyen d’une équation algébrique pure et mathématique.

Je me rappelle du jour où je l’ai rencontré. Il était pâle et souriant. Tout avait été conçu pour nous faire basculer dans l’histoire, et contre notre gré. Nous étions encore des étrangers l’un pour l’autre, mais nous parlions le même langage.

 

Il était 2 h, je trouvais refuge chez une vieille dame en terminant mon récit. Cette dame me faisait penser étrangement à une sorcière. Elle était âgée, difforme, mauvaise et biscornue. C’était la fameuse Docteur Jekyll et Mister Hyde des temps d’aujourd’hui ou une version moderne de la bipolarité féminine et de La Voisin de Louis XIV. Une meurtrière ratée, une sorcière hors pair, une accoucheuse sanguinaire, une empoisonneuse mortifère.

 

Quoi de plus romantique pour une fuite ou une narration poétique ? J’ai trouvé la monstruosité en chemin, j’ai recueilli l’or sur ma plaie, et j’ai rassemblé tes pleurs et tes colères en une étrange chronique criminelle. Je lui ai donné une intonation romantique et une allure fantasmagorique, j’ai travaillé la rime et le style en repensant à notre précieuse idylle. J’ai dit adieu à ton nom et haï fermement Le Corbeau. Le suspense perdure et l’absence vaut consentement. Patience et rédemption valent mieux que poésies et réconciliations. Enfin, sous les yeux éberlués de la sorcière se dessinait déjà un nouveau poème :

 

Le Retour

“Sur le chemin du retour, le ciel s’embrase,

Et mon encre coule, tandis que mon univers s’écroule.

Seule demeure l’ancre de ma barque, protégée par le regard des trois parques,

Nommées également les trois moires, je ne demande pas mieux aujourd’hui que

de méditer dans ma Tour d’Ivoire.

Semblables par la couleur au bleu moiré de nos rêves de bonheur,

Leur destin s’aligne sous nos yeux.

Les 3 moires grecques s’abreuvent de nos rêves,

Alors que la barque chavire.

Mon encre coule, coule, coule,

Autant que le temps s’écoule,

Et mon encre supporte le poids de chaque mot,

Quand l’ancre amarre notre bateau, tout en supportant tes plus grands maux.

Le temps passe à travers chaque nouvelle qui te tracasse,

Et le temps embrasse l’inertie, nos vaines péripéties,

À la recherche du paradis.”

 

C’est le retour, c’est la fin de la chronique fantastique. C’est le début d’une nouvelle histoire et le point d’orgue d’un trop long refrain… Cette quête est éternelle, sans fin. J’ai aimé chanter avec toi les premiers couplets, et j’ai peiné à écrire mes derniers vers. C’est le revers de la fortune, les prémices d’une nouvelle traversée, d’une nouvelle chevauchée. Toute époque a-t-elle une fin ? Et si la fin est étrange, est-elle morale ou anormale ?

 

J’aimerais que tu écoutes chaque phrase avec sérieux, j’aimerais que tu apprennes à lire à travers mes rêveries et mes yeux. Mes rêveries ne sont pas des litanies, mes rêveries prônent de nouvelles valeurs, mes rêveries proposent un nouveau paradis. J’ai le mal des mots, j’aime la beauté de chaque voyelle, de chaque consonne. J’aimerais retrouver, à travers tes répliques, ton divin visage angélique. Il m’est si familier et si étranger… Il a sans doute trop rapidement changé. Tant pis, je me résignerai au tableau noir, aux désirs illusoires, à la simple rédaction de nos histoires… Le but, finalement, n’était pas de comprendre la fin, mais le nœud de l’intrigue. Le poids de notre existence est lourd. Chaque symbiose, chaque prose nous propose de vivre en osmose. Chaque couleur, chaque envie nous permettra de vivre en totale harmonie. Toute forme d’étrangeté constituera une nouvelle anomalie, nous vivrons en parfaite inertie sans aucune mélancolie. Tous nos mouvements, toutes nos occupations convergeront ensuite vers une trêve que seuls nos destins parachèvent. Là commence réellement la véritable fin… 

Et le début de la nouvelle.

 

Judith Ruth Brunel

Judith Ruth Brunel

Juriste

À propos de moi, Judith Ruth Brunel :
Née le 5 janvier 1998 à Lyon, je suis une juriste passionnée par les sciences criminelles. Mon premier livre  « Succès boisés et autres plaidoiries poétiques » représente pour moi une fusion unique entre la rigueur de la logique juridique et la délicatesse de la #poésie.

Notes

  1. Sigmund Freud, L’Inquiétante étrangeté et autres essais, Collection Folio-essai, Gallimard.
  2. René Magritte, Deep Waters, 65×50 cm, 1941.
  3. Edgar Allan Poe, Le Corbeau, traduit en français par Stéphane Mallarmé, édition bilingue illustrée, Rastredigital.
  4. Ovide, Les Métamorphoses, éditions Flammarion.
  5. Carl Jung, Le nouvel aspect de la psychologie criminelle, Tim Newcomb (Traduction), Newcomb Livraria Press.
  6. Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 (DDHC), article 9 : « Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi ».
  7. Jérémy Bentham, Théorie des peines et des récompenses (éd. 1811), Hachette Livre, 2014.
  8. René Char, Lettera Amorosa suivi de Guirlandes Terrestres, illustrations de Georges Braque et Jean Arp, Gallimard.
  9. Béatrice Gurrey, L’affaire Grégory, quarante ans de tourments judiciaires et médiatiques pour les Villemin : « J’ai vu comme ils se sont sauvés l’un l’autre », in Le Monde, publié le 3 octobre 2024.
  10. Jeanne Rouxel, rediffusion, Affaire Omar Raddad : comment le criminaliste Roger-Marc Moreau a mené sa contre-enquête, RTL Radio, publiée le 22 août 2024.
  11. Roland Barthes, Sur Racine, essais, Points.
  12. Racine, Bérénice, Librio.
  13. Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, Quadrige.
  14. Paul Ricoeur, Philosophie de la volonté, Tome 2, Finitude et culpabilité, Aubier, philosophie de l’esprit.
  15. André Lacroix et Jean-François Malherbe, Éthique à l’ère du soupçon, La question du fondement anthropologique de l’éthique appliquée, édition Liber.
  16. Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées, Robert Laffont, 1976.
  17. Guillaume Apollinaire, Le poète assassiné, 1916.
  18. Albert Camus, La Chute, Folio.
  19. Antonin Artaud, Le théâtre et son double, Folio.