La Femme la plus riche du monde — Critique du film de Thierry Klifa (2025)

Illustration : Affiche officielle. Droits réservés à leurs propriétaires.

Un miroir à la richesse

Dès ses premières images, le film installe un monde où l’abondance se lit comme une solitude. Marianne Farrère (Isabelle Huppert) règne sur un empire cosmétique dont la magnificence dissimule une vacuité. Le décor, somptueux mais froid, devient le reflet d’un pouvoir vide. La caméra reste distante, presque complice de ce théâtre des fortunes. L’argent circule comme air raréfié, chaque billet échangeant l’éphémère pour un instant de calme.

Le jeu des dominations

Le cœur du récit repose sur la relation entre Marianne et Pierre-Alain Fantin (Laurent Lafitte), jeune photographe-parasite qui s’invite dans l’intimité d’une héritière vieillissante. Dans ce jeu, l’image succède au fond : il n’est plus tant question de ce qu’on possède que de ce que l’on croit pouvoir donner. Lafitte incarne cette insolence, cette incursion dans la vie d’autrui avec l’arrogance d’un homme qui croit que tout s’achète. Les rapports de force se retournent jusqu’à ce qu’on ne sache plus qui abuse et qui est abusé.

L’espace comme prison dorée

La maison de Marianne, vaste et muséifiée, devient cellule dorée. Le spectateur entend les pas dans les pièces immenses, voit les tableaux alignés, les objets témoins d’un passé figé. Ici, le luxe isole. Le film transforme l’héritière en spectatrice de sa propre vie, enfermée dans une splendeur qu’elle ne choisit plus vraiment. Le tournage en huis-clos bourgeois renforce cette impression que la fortune est le sceau d’un enfermement.

Lafitte incarne cette insolence, cette incursion dans la vie d’autrui avec l’arrogance d’un homme qui croit que tout s’achète.  Zola Ntondo sur Allociné

La satire mordante mais imparfaite

Klifa adopte un ton satirique, soulignant l’absurdité d’un monde où la puissance se confond avec la vulnérabilité. Cette ironie permet quelques fulgurances – des répliques, des regards –, mais finit par se heurter à la lenteur du rythme. Le passage de la comédie acide au drame familial se fait avec inégalité. L’ambiguïté narrative affaiblit parfois la tension et la satire perd de sa mordacité.

Le déséquilibre du récit

Le défaut majeur tient à cette ambition double : malgré une direction artistique soignée et des acteurs de premier plan, le film peine à donner à chaque registre son plein effacement. Le récit semble glisser vers un basculement – celui de la vengeance, des révélations, de la chute – mais ne l’atteint jamais pleinement. Le spectateur reste dans l’attente, entre satire impure et tragédie inachevée.

Conclusion

En définitive, « La Femme la plus riche du monde » est un film qui touche, mais n’achève pas. Elle impose une image puissante – Marianne, l’héritière immense, entourée d’art et d’argent, pourtant vide d’écho – et un désir de démonstration. Huppert y est magistrale, Lafitte provocateur, le décor splendide, la direction d’acteurs rigoureuse. Mais l’architecture narrative vacille. Le film reste à mi-chemin : riche en apparence, mais pauvre en délivrance. Un miroir du luxe qui ne reflète plus que lui-même.

Zola Ntondo

Zola Ntondo

Éditeur en chef

Je suis Zola Ntondo, né le 17 janvier 1979 à Bordeaux. Je suis écrivain, pianiste et webmaster expert en référencement SEO. Formé au Conservatoire de Bordeaux, j’explore dans mes ouvrages les thèmes de la séduction, du consentement et des attirances.