Le Massacre de Thiaroye : un deuil partagée
L’histoire du massacre de Thiaroye est une tragédie qui évoque des souffrances profondes.
Des soldats africains, qui ont sacrifié leur vie pour la France, se retrouvent privés de reconnaissance, et pour beaucoup, de la vie elle-même.
Cette douleur remonte bien avant le fatidique mois de décembre 1944, dans les tranchées d’Europe, où ces tirailleurs sénégalais ont combattu au nom de valeurs de liberté et d’égalité, promesses qui, hélas, n’ont pas été tenues.
Un retour chargé d’espoir
À l’issue de la guerre, les tirailleurs sénégalais rentrent chez eux, animés par l’espoir de retrouver leurs familles et de recevoir la rétribution promise par l’État français.
Après avoir combattu en première ligne et survécu à l’horreur des camps de prisonniers, ils espèrent que la France leur témoignerait reconnaissance et respect.
Humiliation et paradoxe en captivité
Pendant leur captivité en Allemagne, les tirailleurs sénégalais font face à un racisme violent et à des conditions de vie inhumaines.
Dans les Stalags, séparés des soldats européens, ils sont souvent réduits à une main-d’œuvre corvéable et bon marché.
Toutefois, une ironie se dégage de cette situation tragique : malgré leur haine raciale, les autorités nazies accordent à ces hommes des compensations dérisoires pour leur travail, une forme de reconnaissance de leur labeur, bien que profondément injuste.
Entre fierté et mépris : le retour en Afrique
De retour sur le sol africain, ces tirailleurs, fiers de leurs sacrifices, espèrent voir leurs efforts honorés.
Cependant, la réalité s’avère cruelle : les autorités françaises leur refusent les arriérés de solde.
Pour la métropole, ces soldats ne méritent ni pensions équitables ni reconnaissance.
`L’effondrement de leurs espoirs suscite colère et frustration au sein du camp militaire de Thiaroye, où ils sont rassemblés.
Une révolte légitime
Dans ce climat tendu, les tirailleurs, las de l’indifférence, expriment leur frustration.
Leur révolte est celle d’hommes qui réclament simplement ce qui leur est dû.
La dignité leur a été arrachée, et les promesses de la France semblent s’évaporer.
Ils demandent, avec légitimité, la solde promise, prouvant ainsi que leur sacrifice n’a pas été vain.
Un massacre tragique : La France frappe ses propres héros
La réponse française est brutale.
Le 1er décembre 1944, à Thiaroye, l’armée française ouvre le feu sur ses propres soldats.
Officiellement, 35 d’entre eux sont tués, mais des témoignages évoquent un bilan bien plus lourd.
Cette violence ne fait pas de distinctions, et la France choisit le silence des corps plutôt que d’écouter les voix de ceux qui ont servi.
L’ironie terrible : L’ennemi qui rémunère, l’ami qui tue
Le massacre de Thiaroye met en lumière une ironie glaçante : les nazis, bien que racistes, avaient accordé une maigre compensation à ces soldats africains pour le travail qu’ils avaient effectué.
En revanche, la France, pour laquelle ils avaient combattu, préfère les réduire au silence plutôt que de reconnaître leur sacrifice.
Cette trahison morale laisse une plaie ouverte dans l’histoire, rappelant à quel point les promesses de liberté et d’égalité ont été trahies pour ceux qui se sont battus pour elles.
Héritage d’une injustice en quête de réparation
Il a fallu des décennies pour que cette tragédie soit reconnue.
Aujourd’hui, bien que la France commence à admettre sa faute et à réparer, symboliquement et financièrement, l’héritage de Thiaroye demeure un douloureux rappel des promesses non tenues envers ceux qui ont pourtant combattu pour elles.
Une lueur d’espoir à l’horizon
En novembre, le réseau Mémoires & Partages aura l’honneur de présenter l’exposition documentaire Morts pour la France : les Tirailleurs de Thiaroye dans les villes de Bordeaux, Paris et Poitiers.
À l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de la France, cette exposition souhaite sensibiliser le public, en particulier les jeunes générations, au rôle et au sacrifice des tirailleurs sénégalais, tragiquement assassinés par l’armée française en 1944 à Thiaroye.
- Un inauguration symbolique et éclairante
L’inauguration de l’exposition, prévue pour le 21 novembre, commémore le retour des tirailleurs au Sénégal en 1944.
Elle propose une exploration de l’histoire de ces soldats à travers douze panneaux, un poème de Léopold Sédar Senghor et le film Camp de Thiaroye de Sembene Ousmane.
Dès janvier 2025, l’exposition sera disponible à la location, permettant une diffusion plus large.
Karfa Diallo, commissaire et fils de tirailleur, y met en avant son engagement pour la reconnaissance des mémoires coloniales et la diversité culturelle.
- Un livre pour éclairer le chemin vers la réconciliation
Parallèlement, Les Éditions Zola Ntondo vous invitent à découvrir Maison Esclavages & Résistances, le livre de Karfa Diallo, disponible à la Librairie Mollat.
Ce rapport de préfiguration, commandé par le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, représente un jalon essentiel dans notre quête de compréhension, de réconciliation et de justice.
À travers ses pages, Diallo retrace le parcours de Bordeaux et de la Nouvelle-Aquitaine comme pionniers d’une politique mémorielle engagée, visant à construire ensemble un avenir de réconciliation et à lutter contre les injustices.
Ce livre souligne l’importance de l’éducation et de la mémoire pour comprendre notre passé et bâtir un avenir plus juste.
En rendant hommage aux héros méconnus de la résistance contre l’esclavage, il met en lumière les efforts de ceux qui œuvrent chaque jour pour la justice et la réconciliation.
Ne manquez pas cette occasion précieuse d’approfondir vos connaissances sur ces enjeux cruciaux et de participer à un dialogue essentiel pour notre société !
En ce jour de la Toussaint, je vous adresse mes pensées les plus sincères et mes prières pour honorer la mémoire de ceux qui nous ont quittés. Que cette journée soit pour vous un moment de paix et de recueillement.
Éditeur en chef
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