Chronique criminelle : Épisode 2 — Partir sans revenir

Par Judith Ruth Brunel

Poétesse et juriste, autrice de “Succès boisées et autres plaidoiries poétiques”

Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence

Pour le deuxième épisode j’ai choisi une problématique différente… Partir sans revenir est une question profonde, incertaine… Je ne pourrais choisir mieux, c’est le plus approprié à la situation.

 

Les termes sont à la fois élogieux et émouvants, ils signifient le départ proche de quelqu’un, une nouvelle destination, un changement majeur, un renouveau aussi…

En partant sans revenir, je prends un nouveau départ. Mais partir, n’est-il pas aussi compatible avec un retour ?

Pourquoi parler d’aller-retour ? Partir, fuir, maudire… Mais dire les mots, décrire mes maux, et se remémorer le tourment, les mensonges, les médisances pour enfin comprendre le pourquoi du comment.

 

Comment décrire l’inexplicable ?

 

Le passé est banal pour celui qui l’a déjà vécu, celui qui n’a pas de passé ne peut se tourner vers le futur. Pour penser dans le temps, il faut penser à travers son passé, et ne pas vivre uniquement grâce au présent.

 

Il faut savoir s’adapter chaque jour aux circonstances et au contexte présent…

Lorsque l’on s’apitoie sur son présent, on pense pour soi-même.

 

Enfin, je me disais que… Si je partais c’est que je ne devais jamais revenir, mes choix étaient justes, mes pensées aussi… Mes peurs, mes craintes se sont avérées vérifiées.

Tout ce que j’avais compris était vrai. Je disais la vérité depuis le début. Et pourtant je suis mêlée jusqu’au cou dans une affaire qui ne me concerne pas, qui ne me concerne plus. C’est grave. Et personne ne fait rien.

Que dire, traître voleur ! Quoi de plus perfide que ton malheur ! Je ne veux plus te voir, ni même t’apercevoir ou t’entrevoir dans mon miroir ou derrière les hauts rideaux de ma fenêtre…

Mon judas et ma fenêtre persienne… sont derrière moi, car je ne veux plus de toi ! Est-ce que tu le comprends, est-ce que tu l’entends ? C’est terminé !

 

Nous ne ferons plus jamais rien ensemble, car nous ne formons plus rien !

 

Je ne veux plus te ressembler, je ne veux plus devoir assumer tes conduites déviantes, ton mal-être et tes fréquentations !

Il est 8h30, je descends les marches de mon appartement… je prends le métro jusqu’à  Léo Lagrange pour me rendre à mon Cabinet d’investissement. Et soudain… il est devant moi, comment réagir ? Que fait-il ici ? Est-il calqué sur moi ? Est-il autant psychopathe qu’on le prétend ? Il me regarde avec obsession, puis je cours…. Ses yeux me transpercent…

 Ça y est nous y sommes… Et lorsque je rentrerai ce soir, les mots qui figurent sur mon mur me rappelleront chacune de mes souffrances, il n’y a plus d’amour… j’ai des sueurs froides… La voiture blanche, enfin la seconde voiture, est toujours là, elle m’attend…

 

Enfin, il tremble, il a des palpitations, des ruminations, il va passer à l’acte, cette fois-ci beaucoup plus fort. Il va me tuer…

 

Quand ? Maintenant ? Plus tard ?

Quid de l’instant présent…

Les graffitis sont apparus hier, je les ai aperçus en personne aujourd’hui, et je partirai demain…

 

Quand est-ce terminé ?

 

Les amis de son frère me répètent haut et fort que je ne risque rien, qu’il est fou, qu’il est malade… Mon amie Julie tient un petit restaurant en bas de chez moi, elle m’assure qu’il ne passe plus mais que l’on se méfie, nous savons tous qu’il est fou, mais nous le laissons vivre.

 

Vivons avec notre temps…

 

C’est le premier jour. Je suis revenue, à Montesquieu. La machine à smoothie, la passoire et le four sont là. Même Faid est là.

Faid me dit bonjour, il me respecte, je suis l’ancienne. Tout le monde le sait, on ne me désobéit jamais.

Ils me connaissent depuis toute petite… Ils ont conservé mes affaires pendant mon absence comme des reliques, ils font des sortilèges dessus pour devenir comme moi.

S’ils sont à mon image, ils seront aimés, comme s’ils étaient Judith.

 

Je suis Judith, tu es le lecteur. Soit…

 

Tu me lis pourquoi ? Parce que je veux que tu saches que des choses étranges se passent… Je peux te raconter mes maux comme je l’ai dit dans le second épisode, mais es-tu assez fort pour savoir ? Peut-on lever le secret ? Dévoiler la vérité au grand jour ? Non, par convenance, oui par hypocrisie.

Ça y est Faid commence à empoisonner mes voisines, il sort les flacons du placard, la drogue de son sac, les armes de leurs cachettes.

Les lames sont insérées dans la douche, lorsque je lèverai la main, ma paume sera tailladée. Depuis 3 mois j’ai mal, mes mains saignent sans arrêt. Ma peau s’abîme, mes colocataires ont encore peur.

 

Il est fou.

 

Alors je vais voir, et la baston commence, Faid part. À 4h du matin tout a disparu. Il est caché au ghetto.

 

C’est terminé, la menace est éradiquée, mes colocataires dormiront tranquilles.

 

Je dois jeter les poisons, les fioles, et les couteaux… Je suis tombée sur du charbon … Heureusement qu’il ne pourra plus mettre le feu.

 

Tout est absous, et mes désirs aussi.

Je t’aime, et je t’aimerai… Comme si tu étais mon lecteur.

Faid est parti, il a fui.

 

Nous sommes enfin libres…

Judith Ruth Brunel

Judith Ruth Brunel

Juriste

À propos de moi, Judith Ruth Brunel :
Née le 5 janvier 1998 à Lyon, je suis une juriste passionnée par les sciences criminelles. Mon premier livre  « Succès boisés et autres plaidoiries poétiques » représente pour moi une fusion unique entre la rigueur de la logique juridique et la délicatesse de la #poésie.